Selfie avec Hillary Clinton : ego ou viralisation de la campagne ?

Depuis quelques heures la photo fait beaucoup parler et réagir. Hillary Clinton placée devant ou derrière, c’est une question de point de vue, une rangée de personnes lui tournant le dos pour se prendre en photo avec elle derrière. C’était à Orlando le 21 septembre.

L’effet est saisissant et rapidement certains ont vu dedans le signe d’une décadence de la génération selfie. Courrier International en cite deux particulièrement intéressants. The Australian d’abord :

« S’il y a bien une image qui résume l’obsession de la génération actuelle pour les selfies, c’est celle-ci. Avoir une photo de la candidate démocrate seule ne suffit plus. Il faut que vous soyez sur la photo pour impressionner vos amis sur les réseaux sociaux. »

Cnet ensuite qui se fend d’une lettre à l’esprit un peu vengeur :

« Chères personnes célèbres, Si nous voulons être vus à vos côtés, nous vous tournerons le dos. Ne soyez pas vexées. C’est simplement parce que votre célébrité ne nous suffit plus. Nous devons nous joindre à cette célébrité, afin de poster le cliché qui en ressort sur Twitter, Facebook et Snapchat. Ainsi, nous accédons nous-même à une mini-notoriété. Ce qui sera sans doute le maximum de notoriété que nous atteindrons.»

Ainsi cette photo ça tourne sans beaucoup d’analyse. J’ai même entendu dire ce midi dans La Nouvelle Edition que c’étaient des journalistes. Ha bon !? C’est le jeu des médias web et j’ai parcouru nombre d’articles sans vraiment plus d’enquête.

Le point de départ de cette photo ne raconte pas grand chose. La photo a été prise par la photographe officielle mais diffusée par un certain Victor NG qui semble être un membre de la campagne d’Hillary Clinton. Accompagnée d’un simple « 2016, ya’ll » la photo peut être interprétée de différentes manières. Elle n’est pas sortie par le canal officiel de la candidate et ne la sert pas spécialement.

D’ailleurs pour moi cette photo ressemble plus à une private joke dans les équipes mais prise au piège de notre web en clair-obscur : des choses anodines qui auraient dû rester privée prennent d’un coup une grosse vitalité car elles sont sur un réseau public où tout le monde voit tout même si on ne s’en rend pas compte. Même la famille Zuckerberg s’est faite avoir par le passé. Cette photo n’aurait probablement pas dû être publiée. Maintenant qu’elle est là, elle tourne à jamais !

Un pas de côté nous amène sur une photo de Getty à l’ambiance bien différente. Les gens sont face à la candidate, téléphone à la main, mais face à elle. Ouf dirons certains.

Opération de communication comme une autre

Un autre un simple pas de recul suffirait à en avoir une autre vision : et si cette photo n’était pas le témoignage d’une génération ego-centrique mais juste une simple opération de communication virale ?

Dans ce dernier meeting avant le grand débat, dans une ville d’Orlando marquée par un attentat homophobe, dans un centre pour la jeunesse où elle s’est exprimée sur ces morts, dans un état aussi sensible pour le résultat final… cette photo ressemble pour moi ainsi surtout à une petite opération virale.

Et si la candidate venait simplement de demander à cette centaine de sympathisants de dire à tous leurs amis sur Snap (puisque c’est comme ça qu’il faut appeler Snapchat désormais) de voter pour elle !? On serait alors juste devant une photo racontant une étape comme une autre de la snapisation de la campagne. C’est ma théorie personnelle.

D’ailleurs le grand défi d’Hillary Clinton est justement son image. Les gens ne doutent pas forcément de ses compétences, ils ne lui pardonnent d’ailleurs pas la moindre approximation quand Trump peut dire n’importe quelle ânerie, ils veulent savoir s’ils peuvent lui faire confiance et qui elle est réellement. Il est amusant de constater que dans sa campagne, elle a ainsi beaucoup usé du selfie pour montrer sa proximité et sa popularité.