Pour un commentaire de travers...

Si on ne peut tenir Xavier Niel responsable des méthodes d’interpellation de Vittorio de Filippis, ex-PDG et directeur de publication de Libération, on peut tout de même s’étonner de la procédure. Vittorio de Filippis est mis en cause pour un commentaire qu’un lecteur avait laissé en octobre2006 sur le site liberation.fr au sujet d’un article concernant Xavier Niel. Le fondateur du fournisseur d’accès à Internet Free, Xavier Niel avait été reconnu coupable cette année-là de recel d’abus de biens sociaux pour l’époque où il gérait… des peep shows.

Vittorio de Fillipis, PDG intérimaire du journal, était responsable juridiquement puisque directeur de la publication. Cette affaire se catapulte avec la polémique sur la volonté du Sénat de porter de 3 mois à 1 an le délai de prescription pour des actes à caractères diffamatoires ayant été commis au travers d’Internet. Les médias ont dénoncé le risque de voir les plaintes se multiplier devant la justice… on peut comprendre que les directeurs de publication espèrent ne pas se retrouver à poil pour un commentaire de travers.

Mais alors pourquoi une telle interpellation plus de deux ans après les faits. La plainte daterait en fait bien de 2006 mais la Justice a pris son temps. On doit toutefois s’étonner que l’on fasse cette débauche d’efforts pour une affaire de diffamation vieille de deux ans et pour un commentaire qui n’est sûrement plus en ligne depuis cette date. Si diffamation il y a, Xavier Niel aurait sûrement apprécié que le dédommagement intervienne rapidement et avant que tout ça ne tombe dans une mémoire oubliée du web. N’aurait-on pas du laisser mourir cette affaire dont plus personne ne parlait ?

L’affaire rejailli en plus sur Xavier Niel dont la côte d’amour est au plus haut grâce à Free et aussi sa volonté de foutre un peu le bordel dans la téléphonie en voulant un licence mobile. Elle nous permet de nous rappeler, à nous tous, que ce dernier n’est pas avare en procédures judiciaires quand il s’agit de défendre son image et celle de sa société, même s’il a souvent été débouté y compris contre Libé. Des procédures qui débouchent parfois sur des visites policières chez des personnes bien moins médiatiques qu’un ex-PDG de Libé

Cette affaire démontre en tout cas comment pour un commentaire de travers toute la presse française, la classe politique et une partie de la blogosphère, dont moi (merde !) se sont mises en branle…