L'expérience Backfence

On a a senti en 2006 une forte poussée du web local et 2007 pourrait être l’année du boom… ou de nouvelles désillusions. Cet article du Washington Post qui est consacré au cas Backfence est plutôt à rangé dans le deuxième cas.

Backfence c’est le journalisme citoyen appliqué au web local ou si vous préférez une série de sites très locaux, banlieux de grandes villes, alimentés par l’internaute. Belle idée mais pour l’instant c’est plutôt la désillusion à tel point qu’un investisseur ne semble plus du tout y croire.

Ce qui est intéressant dans cet article ce sont les « leçons » à retenir de cette expérience et comme l’a très bien relevé Julien Jacob : « Community news sites have to invest in the quality of the content before advertisers will take notice, he added. » Bref soignez la qualité avant de vouloir attirer les publicitaires.

Bon il y a aussi dans cet article le côté très négatif des analystes :

« Realistically, it’s going to take close to 10 years for the business models to be there and for there to be enough advertisers willing to give money to hyperlocal start-ups, » said Vin Crosbie, managing partner of Digital Deliverance, a Connecticut media consulting firm. « Backfence’s problem is that it was too early. »

Sans être aussi pessimiste, je le rejoins en partie sur le fond. Si les lecteurs recherchent du contenu hyper local, les sites ne sont pas encore prêts pour toucher suffisament le marché publicitaire local. Il y a une vraie difficulté dans ce domaine qui tient à la fois de l’audience mais aussi de la structure à mettre en place. Voici ma position actuelle sur le sujet :

Déjà je pense qu’un site local ne peut fonctionner que s’il est porté par une équipe locale. Il faut vivre dans la ville pour en parler, la comprendre et sentir de quoi il faut parler. S’appuyer sur l’internaute pour faire le contenu est une bonne idée mais elle doit être encadrée et aussi complétée pour que le site puisse couvrir l’actu locale d’une manière efficace et complète. Il faut donc au minimum un rédacteur en chef vivant dans la ville. De plus faire bloguer l’internaute sur du local n’est peut être pas si facile.

Ensuite le marché publicitaire local est plus compliqué dans le sens où nous n’avons pas à faire des régies ou des sociétés importantes avec des spécialistes du web. Les commerçants qui constituent une grosse partie de la publicité locale en plus des annonceurs nationaux utilisent certes internet mais ne sont pas des spécialistes. Il faut donc aller les voir, leur expliquer, leur montrer. Comme ils n’ont souvent pas de site il faut aussi pouvoir leur offrir plus qu’une pub : page perso ou mini-site avec e-mail au minimum.

Le marché local n’est peut être pas encore assez gros pour être uniquement online. Il me semble que dans un premier temps il faut compléter l’offre online par une offre papier. Elle a l’avantage d’être bien connue par l’annonceur local, bénéficie de tarifs bien plus intéressants que le web et s’avère aussi une bonne manière de faire grossir l’audience du site : le papier doit renvoyer au site qui offre lui bien plus de choses et services.

La limite c’est que tout ça prend du temps, demande une équipe et des compétences et va donc être difficilement réalisable pour être créé l’échelle de plusieurs villes par une même société. Cela laisse donc de la place à l’initiative locale et à la PQR si elle décide de passer le pas.